Restanques

Repenser la mise en scène végétale des restanques d’une maison de famille aux pieds de la corniches des Maures

Depuis une dizaine d’années, nous avons repensé l’aménagement des restanques d’une villa dans le Var. « Mais c’est quoi des restanques ? » nous direz-vous ! Eh bien, il s’agit de murets faits de pierres sèches, typiques de Provence, qui permettaient autrefois d’adapter des cultures comme la vigne ou bien l’olivier aux reliefs des terrains escarpés. Après avoir été oubliées pendant quelques décennies pour leur usage agricole, elles sont aujourd’hui restaurées et même créées par certains professionnels du paysagisme à des fins d’agrément.

Ces terrasses accrochées à la colline de Pramousquier étaient initialement plantées de marguerites puis, après la construction de la maison dans les années 60, d’arbres fruitiers (abricotier, prunier, etc.), de pélargonium et de rosiers divers finalement peu adaptés à la région.

Après de longues discussions avec la propriétaire, nous avons décidé d’intégrer des espèces végétales adaptées au climat méditerranéen, ainsi qu’au type de sol bien sûr !

Les géraniums subclaquants présents un peu partout sur la propriété ont été substitués par des crassulacées diverses et variées.

Différentes espèces d’Aeonium ont été plantées : des pourpres (A. arboreum ‘Schwarzkopf’), des gros verts (A. glandulosum) ou encore d’autres qui poussent en touffe (A. haworthii).

Un olivier a été taillé en nuage pour amener un peu de modernité. Des Strelitzia reginae (oiseau de paradis) et le géant S.nicolae ont été judicieusement dispersés, au milieu des agaves et autres Asparagales.

Un Eucalyptus globulus a été planté afin de réduire la vue sur un bâtiment peu esthétique et d’anticiper la disparition programmée du palmier (Phoenix canariensis) malheureusement infesté par le charançon rouge. Cet arbre, majestueux, est aujourd’hui devenu la pièce centrale du jardin.

Le choix des végétaux a été fait afin de réduire, voire supprimer, les apports en eau chaque fois que cela était possible. Nous prêtons un intérêt tout particulier à la terre en l’aérant sans retourner les couches profondes et en ne laissant jamais – hormis en plein été – un sol nu. C’est ainsi, qu’à l’automne comme au début du printemps, des Oxalis pescaprae, ou faux trèfles, colorent littéralement le sol des restanques d’un vert tendre. Le respect des cycles naturels des plantes notamment sauvages a permis de voir resurgir de petits freesias « sauvages » (Freesia refracta) dès le mois de février/mars tout comme une petite orchidée tout aussi sauvage que discrète : Serapias lingua.

L’entretien des sols passe également par l’élimination des feuilles des chênes lièges (Quercus suber) pour ne pas laisser se développer des plantes envahissantes telles la salsepareille (Smilax aspera… même si nous n’avons encore jamais vu de schtroumpf !) ou encore la garance voyageuse (Rubia tintorum), autrefois cultivée dans la région pour la teinture rouge extraite de ses rhizomes.

Après la période de gel de 1985 et 1986, la quasi-totalité des mimosas avait disparu. Nous avons donc replanté de nouveaux individus afin de préserver l’histoire du site. Et, entre les chênes lièges centenaires, des arbousiers, nerpruns, laurier-tin, pistachiers lentisques (Pistacia lentiscus), pin parasol, bignones, passiflores, palmiers chamaerops, pittospores (Pittosporum taubira), agrumes, grevillea, callistemon, echium, tilandsia, bougainvilliers, plumbago, lantana ou encore des vivaces comme les asphodèles, les acanthes et euphorbes herbacées ont trouvé leur place !

Une collection de cistes (Cistus sp.) a été plantée sur les pentes les plus raides et les moins riches en terre. Des marguerites du Cap (Osteospermum) viennent compléter la planche botanique, sur les restanques les plus en contre-bas de la maison.

Aujourd’hui, cette maison familiale est devenue une maison de vacances dans laquelle petits et grands aiment à profiter des différentes ambiances du jardin. Et ce n’est pas tout : nous avons rempli notre mission ! Ce n’était pas gagné d’avance mais nous avons réussi à démontrer à la propriétaire qu’il existait de multiples plantes et fleurs adaptées au climat méditerranéen afin que son jardin soit beau et fleuri en toutes saisons… et qu’il n’existait pas à proprement dit de « mauvaises herbes » ;o)