Balcons & terrasses d’automne
Ce que les plantes en pensent et nos conseils suspendus ;o)
La pluie est (enfin) de retour. Les températures se sont rafraichies. La végétation change de couleur… tout ça aurait bien un petit parfum d’automne, non ? mais qu’est-ce que l’automne exactement ? Ou plutôt, quel est son impact sur les plantes ? C’est le sujet que nous avons décidé d’aborder cette semaine.
Alors, mettez vos bottes, on vous emmène !!!
Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur en automne ?
Dans nos campagnes et jardins – non, non, nous n’oublions pas les terrasses, balcon & Co – les vignes prennent une teinte orangée, les érables sont flamboyants de rouge et les ginkgos semblent porter des écus d’or… Mais au fait, pourquoi les feuilles changent-elles de couleur avant de tomber ? Et d’ailleurs pourquoi tombent-elles ensuite ?
En fait, les feuilles ne changent pas vraiment de couleur. Elles en perdent une ! Le vert. Le pigment qui donne aux végétaux leur couleur verte (la chlorophylle) se dégrade à l’automne et laisse voir les autres pigments contenus dans la feuille jusque-là masqués. Car en plus de la chlorophylle, les feuilles accumulent pendant leur croissance des pigments tels les caroténoïdes (jaunes) qui aident à l’absorption de la lumière par les feuilles ou encore les anthocyanes (rouges) qui agissent un peu comme une sorte de crème solaire naturelle en protégeant les plantes des ultra-violets mais aussi de certains insectes herbivores.
Mais tout ça ne nous dit pas pourquoi la chlorophylle disparait et comment les feuilles tombent.
A quoi ça sert une feuille ? Et pourquoi ça tombe ?
Pour appréhender ce curieux phénomène qui se renouvelle tous les ans, il faut d’abord comprendre les fonctions de la feuille pour une plante.
Tout d’abord, comme on vient juste de le voir, les feuilles contiennent de la chlorophylle. Et c’est grâce à ce pigment que les plantes réalisent la photosynthèse, ce procédé magique qui transforme le CO2 de l’atmosphère en sucres assimilables par la plante et accessoirement par nous, et ça rien qu’avec la lumière du soleil et un peu d’eau.
Quand vient l’automne la durée des jours diminue et les températures baissent. Nous, nous le percevons bien sûr avec nos yeux et notre peau qui frissonne, mais les plantes le ressentent aussi grâce à des capteurs de lumière spécialisés et grâce à leur horloge interne. Le manque de lumière et la fraicheur sont incompatibles avec la photosynthèse. Comme cette dernière ne peut avoir lieu ni en automne ni en hiver, la plante se sépare tout simplement de ses feuilles dont elle n’a plus besoin en ces mois de l’année.
Ce qui vous a certainement mis la puce à l’oreille sur l’importance de ces facteurs (baisse de la lumière et températures plus fraiches) dans la perception de l’automne par les plantes sont les effets des éclairages publics qui, en ville, font « croire » aux arbres que l’été n’est pas terminé. N’avez-vous jamais vu des groupes de feuilles, parfois encore vertes, à proximité des réverbères alors que toutes les autres, plus éloignées, étaient tombées ?
En plus d’assurer la photosynthèse, les feuilles sont aussi le moteur de l’évapotranspiration : un courant d’eau permanent qui passe à travers la plante et qui permet d’assurer la montée de la sève des racines jusqu’au parties aériennes. Les feuilles sont les seuls organes de la plante à posséder des petits pores (les stomates) par lesquels l’eau s’évacue.
On le sait peu mais des litres et des litres d’eau passent chaque jour dans les racines et se transforment en vapeur au niveau des feuilles. Un grand chêne en une journée peut transpirer jusqu’à une tonne d’eau, et sans aucun effort physique… de quoi rendre jaloux !
D’ailleurs, c’est pour ça que les arbres et les plantes en ville sont considérés comme de véritables climatiseurs naturels : ils font baisser les températures des lieux où ils sont plantés du fait de l’évapotranspiration qui rafraichit toute l’atmosphère. Mais quand vient l’hiver, l’eau est moins disponible au niveau des racines et trop transpirer par les feuilles serait dangereux pour la plante et dans certains cas l’eau peut geler et risquerait d’endommager les vaisseaux qui transportent l’eau dans la plante : encore une bonne raison de se séparer de ses feuilles !
« Les arbres jettent l’or de leurs feuilles par les fenêtres de l’automne »
Sylvain Tesson
Mais pas si bêtes, les plantes se séparent de leurs feuilles non sans avoir récupéré ce qui a de la valeur : les protéines et divers nutriments contenues dans les feuilles sont réacheminées, avant l’hiver, à l’intérieur des branches et des troncs afin de faire des réserves pour passer l’hiver. La récupération des protéines des feuilles vers les tissus internes est ce qui cause la destruction de la chlorophylle. Une fois les feuilles devenues inutiles, la plante s’en sépare : c’est ce qu’on appelle l’abscission.
Un petit bouchon de liège est alors formé à la base de chaque feuille, histoire d’avoir une séparation la plus propre et nette possible, sans détériorer les branches ni permettre aux agents pathogènes de pénétrer. Car là encore, il y a un avantage à perdre des feuilles grignotées, malades, etc. pour en avoir de nouvelles, en pleine forme, à chaque retour du printemps !
L’été (aussi) peut être fatal au feuillage
Toutefois, cette année années vous avez fort probablement remarqué que certains arbres avaient des couleurs d’automne, voire avaient perdu leurs feuilles, en plein été ! Il s’agit ici d’une conséquence directe de la sécheresse et de la chaleur : les arbres se séparent de leurs feuilles – comme à l’automne – afin de réduire leur consommation en eau. On dit qu’il se placent en stress hydrique. Cette adaptation est tout à fait normale et reste sans conséquence sur la santé d’un arbre si elle est exceptionnelle… en se répétant année après année, sans répit, ces arbres se fatiguent et peuvent mourir.
Mais l’automne n’a pas le même effet sur toutes les plantes !
C’est tout à fait vrai ! En automne, et même en hiver, il y a encore des arbres verts. C’est notamment le cas pour de nombreuses espèces méditerranéennes voire exotiques qui ont colonisé nos terrasses du fait des hivers plus cléments en milieu urbain. Ces plantes viennent de régions plus ensoleillées et moins froides et sont programmées génétiquement pour conserver leurs feuilles en toute saison. On parle alors d’espèces à feuillage persistant. Par opposition, les plantes qui perdent leurs feuilles sont des plantes à feuillage caduc.
Mais il y a aussi toutes les espèces de climats plus froids comme les sapins et autres conifères. Ces derniers ont réussi à contourner la malédiction de l’arrêt de la photosynthèse et le manque d’eau en hiver : tout d’abord, la physiologie des conifères avec leurs fines aiguilles leur permet de continuer à faire de la photosynthèse et surtout celles-ci sont recouvertes de cires et cuticules qui limitent les déperditions d’eau. Par ailleurs, ça ne veut pas dire qu’ils ne perdent jamais leurs feuilles ! Seulement, ils ne les perdent jamais toutes en même temps et elles sont aussi capables de vivre plus longtemps. Les aiguilles du pin (Pinus sylvestris) ont une durée de vie de 5 ans, par exemple. Donc pas besoin de se séparer de ses feuilles d’un coup avant l’hiver !
Ce n’est pas pour rien si l’arbre de Noël est un sapin, toujours vert, pour symboliser la renaissance de la nature !
Et, une fois de plus, il y a des exceptions aux exceptions… Le mélèze européen (Larix decidua), le cyprès chauve américain (Taxodium distichum) et le sapin d’eau de Chine (Metasequoi aglyptostrobiodes) perdent toutes leurs aiguilles en hiver tout en se parant de belles couleurs automnales.
Ces trois espèces ont pour point commun leur grande dépendance à l’eau. Et, le fait de pousser dans des endroits humides où l’eau est moins disponible en hiver (gel et baisse des précipitations) rend risqué la conservation de leurs aiguilles. Du coup, pas d’aiguille en hiver, pas d’évapotranspiration, donc pas de pertes d’eau et de risque de mourir de soif !
Mais un arbre qui n’a plus de feuille prépare l’avenir…
Tout s’arrête alors ? Non plus ! Les arbres certes ne font plus de photosynthèse et l’eau ne transite plus dans toute la plante mais ce n’est pas parce qu’on ne voit plus rien au-dessus du sol qu’il ne se passe rien en dessous. Les arbres profitent de l’automne et de l’hiver pour développer leurs racines et réparer les vaisseaux qui conduisent la sève ainsi que les autres dégâts causés pendant l’été afin d’être au top pour le printemps. Les branches nues des arbres portent déjà dès la fin de l’été la promesse de la renaissance au printemps sous la forme de bourgeons écailleux. Ces concentrés de vie qui n’attendent que le printemps pour éclore et faire émerger de nouvelles branches, feuilles et fleurs.
D’autres plantes qui n’ont ni tronc, ni branches, passent la mauvaise saison complètement sous terre, sous la forme de tubercules, bulbes et racines qui se réveilleront au printemps suivant et sortiront de terre pour notre plus grande joie.
Que faire sur nos balcons & terrasses en ville à l’automne ?
Ce qui se passe dans nos jardins, balcons ou terrasses est très similaire à ce qui se passe dans la « vraie » nature. L’automne est traditionnellement LA saison des plantations. Il est important de rappeler qu’avant que les végétaux ne soient disponibles toute l’année en pots, ils étaient retirés de terre, racines nues, juste avant d’être à nouveau plantés, ailleurs… en automne. Et ce n’est pas pour rien ! L’automne présente en effet de nombreux avantages que nos grands-parents connaissaient bien. La terre encore chaude et les pluies abondantes permettent aux racines de coloniser petit à petit leur nouvel environnement. De ce fait, les plantes « redémarrent » plus rapidement au printemps suivant et sont plus fortes pour supporter des périodes de sécheresse tout autant que les maladies potentielles. Par ailleurs, ces jeunes plants nécessitent des arrosages moins importants et d’autant plus si un paillage de 4 à 5 centimètres vient protéger la terre tout autant que les racines à partir du mois de mai.
Ne remettez pas la réalisation de votre terrasse au printemps prochain. Vous l’aurez compris, planter à cette période est gage d’une meilleure reprise pour vos végétaux…
Pour cela nous vous donnons quelques conseils précieux pour installer vos plantes en pots, bacs & Co en ville. Avant toute chose, il est important de connaitre la rusticité d’une plante, c’est-à-dire sa capacité à résister au froid. Votre pépiniériste sera le premier à répondre à vos questions. Et, entre nous, prendre le temps d’échanger et de comprendre est de loin plus enrichissant que de lire une étiquette ;o)
À Lyon, par exemple, nous conseillons selon les expositions des plantes des rusticités comprises entre -8 et -15°C. Des plantes moins rustiques risqueraient de voir leurs racines geler car en pots, la protection générée par l’inertie du volume de terre est très différente de celle de la pleine terre.
De plus – et c’est encore plus vrai pour des plantes cultivées en pots – il faut apporter les éléments nutritifs indispensable à leur croissance et à leur fructification. Toutefois, pour être vraiment efficaces, ces éléments doivent être apportés au bon moment !
Il existe 2 grandes classes d’engrais :
- Les engrais organiques issus de déchets naturels (plus lents à assimiler par les plantes) ;
- Les engrais minéraux provenant de gisements ou de l’industrie chimique (assimilés très rapidement par les plantes mais sans réelle action sur la terre).
Nous vous recommandons d’utiliser une couche épaisse de compost à la fin de l’automne, afin qu’elle puisse se décomposer tout au long de l’hiver. Et, quant aux engrais organiques, vous pouvez les apporter à la fin de l’hiver dans l’objectif qu’ils nourrissent petit à petit le sol durant toute la saison en attendant l’automne suivant.
Vous pouvez tailler les arbustes qui supportent bien la taille d’automne comme le laurier-rose (une espèce qui lui ne perd pas ses feuilles l’hiver) pour favoriser la pousse de nouvelles feuilles au printemps. Cependant, de façon générale, les tailles sont réalisées au printemps pour ne pas que les pousses de l’année, plus tendres, ne souffrent du froid ni pour que, taillés trop tard en automne, des rameaux ne fleurissent pas au printemps suivant.
Pour les espèces exotiques plus frileuses comme les agrumes, enveloppez-les d’un voile d’hivernage et isoler le pot en l’entourant de papier-bulle pour aussi protéger les racines du froid. Il existe toutefois quelques variétés d’agrumes japonaises qui supportent le froid des villes sans problème… mais on vous en parlera dans un autre article ;o)
Concernant les bulbes qui enchantent vos premières journées de printemps, vous pouvez mettre en terre tulipes, crocus, narcisses, jacinthes et colchiques dès le mois d’octobre jusqu’à la fin décembre. Par contre, les bulbes qui fleurissent en été (glaïeuls, dahlias et bégonias par exemple) – plus sensibles au froid – ne doivent être plantés qu’à partir du mois de mars et jusqu’à fin mai sous nos latitudes !
Et, pour terminer aujourd’hui, même si généralement il pleut davantage, n’oubliez pas d’arroser les arbustes et plantes à feuilles persistantes en pots. Surtout quand l’automne est doux et sec, car ces plantes continuent à perdre de l’eau par leurs feuilles et elles ne résisteront pas sans votre soutien.
Et si vous voulez qu’on vous en dise davantage, appelez-nous !
Pour aller plus loin
Les plantes au rythme des saisons : Guide d’observation phénologique. Ouvrage collectif. Éditions Biotope
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